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20e DIMANCHE ORDINAIRE « C » 2019


Parole de Dieu: Jérémie 38, 4-6.8-10; Hébreux 12, 1-4; Luc 12, 49-53.

N'est-il pas surprenant et dérangeant d'entendre Jésus parler de division, lui qui promeut habituellement la paix, la justice, le pardon, l'unité, la communion? Ne se présente-t-il pas comme le bon berger qui rassemble et qui prend soin de ses brebis pour les amener à partager et à communier à une vie d'amour avec le Père? Étonnamment, il affirme qu'il est « venu apporter un feu sur la terre » et ce feu peut produire des effets opposés. D'une part, il peut embraser nos cœurs, nous réchauffer, nous éclairer et nous inciter à exercer une action positive dans le monde – c’est d’ailleurs ce qu’il souhaite ardemment –, mais ce feu peut être aussi, pour qui l’ignore, s’y soustrait ou s’y oppose, un facteur de division qui peut toucher jusqu’au réseau des relations les plus intimes, c’est-à-dire les relations parentales et filiales. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a le don de nous désinstaller, de nous remuer.

Jésus est bien conscient des répercussions de sa prédication dans son entourage et dans le monde religieux de son époque. La manière qu'il a de parler de Dieu bouleverse les interprétations religieuses traditionnelles et les pratiques de dévotion courantes. Il ne laissait personne indifférent. Quand il annonce des fractures dans les familles, il touche à un sujet délicat et grave, car dans la société qui était la sienne, la famille était quelque chose d'intouchable. Les liens familiaux, surtout pour les membres de l'élite, étaient à la source de leur pouvoir et de leur rayonnement. Attenter à ces liens comportait un grand risque d'effritement de leur unité et de leur influence. Puisqu’ils vont à contre-courant de l'ordre établi, les propos de Jésus provoquent inévitablement des remous. Son intervention, colorée par les images du baptême et du feu, devient explosive. Pas surprenant qu'on l'ait associé à Jérémie, le prophète qu'on voulait assassiner. Les propos de Jérémie étaient contraires à la logique de la politique et ne faisaient pas l'affaire des dirigeants. C’est pourquoi ils se proposaient de se débarrasser du prophète de malheur. Jésus et le prophète Jérémie se ressemblent. Ils sont tous les deux enflammés et conscients des remous que leur message et leurs gestes peuvent provoquer.

Ainsi, lorsque Jésus affirme qu'il est venu apporter un feu sur la terre, il voit à l'avance tout ce que cela implique. Ses propos incendiaires démasquent la relativité des valeurs véhiculées par la société, suscitent d’inévitables tensions et conflits qui éclatent jusqu'au plus intime des relations humaines. Mais on n'a pas à se scandaliser des divisions que les paroles de Jésus peuvent provoquer. Parce que son message est percutant, il divise nécessairement, car plusieurs s'y opposent et veulent même le réduire au silence. La puissance de ses convictions l'a amené à un isolement progressif et le conduira finalement à sa passion et à sa mort sur la croix, ce qu'il exprime lui-même en termes de baptême à recevoir.

Au cours de l'histoire, son feu a embrasé le cœur d'un grand nombre de disciples. Tous ceux-là ont fait l'objet d'incompréhensions et de mépris, car suivre Jésus ne va pas de soi. C'est encore le cas, particulièrement de nos jours et dans le contexte qui est le nôtre. Les conversations quotidiennes et les opinions médiatiques remettent souvent en question le fait de croire en Dieu et d'appartenir à l'Église. Mais c'est en gardant les yeux fixés sur lui qu’on peut développer la force nécessaire pour continuer leur route.

Suivre Jésus est une affaire d'endurance. Il l'a démontré lui-même et ses disciples ne l'ont pas eu facile non plus. Ils ont dû affronter les vents contraires et ils en ont payé le prix. Malgré que le contexte soit complètement différent, c'est un combat qui nous demande encore beaucoup. Toutefois, nous tenons notre force de la foi et de la prière, car il vaut mieux compter sur la puissance de Dieu que sur la nôtre. Adhérer dans la foi au message de Jésus, se laisser guider par son Esprit dans une prière confiante, cela contribue à nous embraser le cœur et à nous éclairer. Comme dit l'auteur de la lettre aux Hébreux, « courons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l'origine et au terme de la foi ».

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