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22e DIMANCHE ORDINAIRE « C » 2019


Parole de Dieu: Ben Sira le Sage 3, 17-18.20.28-29; Hébreux 12, 18-19.22-24a; Luc 14, 1a.7-14.

On a beau chercher, on ne trouve pas d’applications dans le contexte actuel à cette parole de Jésus : « Qui s’élève sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé. ». Si vous allez dire ça à un athlète qui se prépare aux jeux Olympiques, à un chef d’entreprise qui recherche le rendement optimal, à un étudiant qui a de l’ambition et doit performer, ou à n’importe qui d’autre dans la société qui veut réussir et s’élever dans l’échelle sociale, on va vous traiter de fou.

Cette parole de Jésus ne vient-elle pas heurter de plein fouet notre désir profond d’être reconnu, valorisé, et faire obstacle à notre accomplissement personnel? Jésus serait-il contre l'ambition, l’excellence et la réussite? Serait-il adepte de la passivité? Bien sûr que non, l'humilité n'a rien à voir avec la médiocrité. Pour bien comprendre, il faut se situer dans sa perspective à lui, qui est celle du Royaume de Dieu. Jésus dit que pour y entrer il faut se revêtir d’humilité, c’est-à-dire reconnaître que devant Dieu nous n'avons aucun mérite, car nous recevons tout de lui. En ce sens, nous sommes évidemment à la dernière place. Si Dieu daigne nous inviter à une place d'honneur, c'est à cause de sa générosité, et non de notre mérite. Nous devons recevoir les dons de Dieu dans l'étonnement et la reconnaissance, et non avec un sentiment d'orgueil qui nous amènerait à mépriser les autres et à nous croire supérieurs.

Le danger qui guette celui qui s'élève au-dessus de la mêlée est de s’enorgueillir, de mépriser ou d'ignorer les autres, et d'oublier les dons que Dieu lui a faits. Celui qui pense être le seul artisan de sa réussite est menacé par l’orgueil et l’autosuffisance et il risque ainsi d’ignorer complètement la présence de Dieu dans sa vie. Par ailleurs, quelqu’un peut exceller et s’élever aux plus hauts niveaux sans pour autant se prendre pour le nombril du monde et sans oublier que ses talents sont un don de Dieu. Lorsque j’étais étudiant, j’ai connu plusieurs professeurs et j'ai remarqué que les plus brillants et les plus savants étaient souvent les plus humbles. Ben Sira le Sage dit : « mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité (...) Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur ».

C’est en ce sens, me semble-t-il, qu’il faut comprendre le message de Jésus. Ce qui l'intéresse, c'est la qualité de la relation à Dieu et aux autres. Quelqu’un qui se reconnaît petit devant Dieu, qui grandit et atteint les sommets en toute humilité, celui-là sera élevé par Dieu. À l’inverse, quelqu’un qui se surestime et se pense meilleur que les autres parce qu'il a réussi et s'est enrichi au point d'être indépendant et auto-suffisant, celui-là sera abaissé. Il devra se contenter de lui-même et là, il réalisera qu’il est en réalité très petit.

Une revue rapportait le cas d’un homme très prospère qui brassait de très grosses affaires partout en Amérique du Nord. Pour atteindre une telle réussite, il avait appris l’art de plaire; il savait séduire ses clients en choisissant toujours les bons mots ou encore en les amenant au bon restaurant, tout cela dans le but de faire bonne impression. Il savait aussi discréditer ses compétiteurs en laissant planer le doute sur leur compétence. L’homme d’affaires en question a un jour tenté une percée au Japon. Il a agi avec les orientaux comme il le faisait avec ses clients américains. Il a essayé de les impressionner en étalant ses réussites; il a sorti tout son arsenal contre ses compétiteurs. Ce fut un échec lamentable. Les Japonais, semble-t-il, sont allergiques à tout ce qui sent la vantardise. Avec eux, il est indécent de parler de soi. Ce qu’ils estiment au plus haut point, c’est la modestie personnelle et le fair-play envers les autres.

Le message de Jésus est à comprendre dans cette perspective : Dieu ne se laisse pas impressionner par le « paraître ». Il s’intéresse davantage à ce qu’il y a au fond du cœur, peu importe le revêtement extérieur. Devant Dieu, prenons la place qui nous revient, la dernière, et sachons reconnaître dans l'action de grâce que tout vient de lui et laissons-lui le loisir de nous inviter à prendre la place qu'il voudra bien nous allouer.

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