3e DIMANCHE DE PÂQUES 2019
Parole de Dieu: Actes des Apôtres 5, 27b-32.40b-41; Apocalypse 5, 11-14; Jean 21, 1-19
Saint Jean raconte le déroulement d’une pêche miraculeuse, qui est suivie d’un repas au cours duquel Jésus ressuscité se fait reconnaître de ses disciples. Par la suite, Jésus confie à Pierre la charge pastorale de ses brebis. Les disciples passent toute une nuit à pêcher sans rien prendre. Malgré un travail incessant et de nombreux efforts, leurs filets sont restés vides. À bien y penser, ne trouvez-vous pas que nous ressemblons beaucoup à ces pêcheurs? Il nous arrive aussi de trimer dur sur une mer prometteuse mais qui, au terme, se révèle vide et sans vie. Pourtant, comme eux, on ne manque ni d’ardeur, ni de mérite. Malgré une bonne dose de volonté, nous avons l’impression que nos efforts sont vains.
Mais voilà qu’au lever du jour une parole venue de la rive oriente les pêcheurs dans une autre direction : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » À la suite de cette recommandation, malgré une longue nuit infructueuse, les disciples lancent à nouveau leur filet. Contre toute attente, ils expérimentent la fécondité de la vie. La pêche se révèle très fructueuse. Il est à noter que c’est Pierre qui remonte et tire le filet jusqu’à terre, geste qui annonce la primauté dont il sera investi dans sa charge de pasteur de l’Église.
Le texte rapporte que le filet contenait 153 gros poissons. Pourquoi avoir mentionné un chiffre aussi précis? Au cours des siècles, on a donné à ce nombre énigmatique de nombreuses interprétations. Selon saint Jérôme, ce chiffre correspondait au nombre d’espèces de poissons connues à l’époque, ce qui se veut une allusion à l’universalité de l’Évangile et que le filet ne se rompe pas est signe de l'unité de l'Église. Selon saint Augustin, le chiffre 153 est un nombre triangulaire fondé sur la base du chiffre 17. L’addition des chiffres 1 à 17, aussi bien verticalement qu’horizontalement, donne un total de 153, un triangle isocèle parfait, une figure géométrique de la totalité. Le nombre symbolise donc l’universalité de l’Évangile qui est destiné à tous, de même que la totalité des chrétiens de tous les temps et leur multitude. Quelque soit la façon d’interpréter le chiffre, Jérôme et Augustin s’entendent sur sa signification: le filet rempli de poissons est un symbole d’universalité et d’unité.
La pêche miraculeuse est une belle illustration de ce que devrait être notre vie en Église. Parfois, tout nous semble infructueux. On a beau investir d’énormes efforts et beaucoup d’énergie, on ne récolte rien. Quand nos vies sont à ce point improductives, c’est peut-être parce que nous faisons cavalier seul. Il faut savoir que dans l’ordre de la foi, il ne se produit rien tant et aussi longtemps que nous œuvrons seuls. La pêche ne devient bonne que lorsque les disciples décident d’obéir à la parole qui vient de la rive. Cette parole les enjoignait à continuer de pêcher, mais pas au même endroit. C’est dire qu’il faut faire les choses de façon différente, mais en conformité avec la parole de Jésus. Les disciples se sont laissés guider par la parole du Ressuscité et leurs efforts ont été récompensés. C’est donc dire que nous devons aussi nous laisser guider par cette parole qui nous invite à vivre notre vie normalement, mais autrement. C’est alors qu’elle deviendra féconde et que nous cesserons d’avoir les mains vides.
Après la pêche, les disciples sont conviés par le Seigneur à prendre un repas. Ce n’est certainement pas un hasard qu’ils soient sept, chiffre symbolisant la totalité. Ils représentent l’ensemble des croyants qui seront appelés, au cours des âges, à partager le repas de l’Eucharistie. Ainsi, l’écoute de la Parole du Ressuscité et la participation au repas de l’Eucharistie sont les lieux par excellence où il est possible d’expérimenter la présence agissante du Sauveur qui comble nos attentes bien au-delà de tout ce que nous pouvons espérer.